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A l’origine vivaient en ces lieux des moines clunisiens, puis manifestement des chanoines augustins jusqu’en 1182, date à laquelle l’abbé Louis de Bellelay acquit le couvent. Pour la maison-mère, Grandgourt était très important pour ses pâturages, ses champs de céréales et son moulin, mais aussi par son emplacement dans la zone d’influence des comtes de Montbéliard et de Ferrette, sans oublier la proximité de plusieurs abbayes : de bénédictins à Murbach, de bénédictines à Baume-les-Dames et de cisterciens à Lucelle, ainsi que la résidence des chanoines à St-Ursanne. Le Prieuré de Grandgourt possédait aussi des biens-fonds dans les environs ( à Buix, à Bure, à Montignez, etc). Les inventaires de 1578 et de 1587 nous renseignent sur le bétail au Prieuré, veaux, vaches, dont la viande et le lait revenaient aux résidents. En 1712, on compte des chevaux, des vaches, des bœufs, des porcs et toutes sortes de volaille.

Les chanoines de Grandgourt avaient charge d’âmes dans les églises de Montignez et de Pfetterhouse. A certaines époques, la pastorale était aussi confiée à des prêtres séculiers. Au XVIIè siècle, le curé de Montignez partageait la résidence avec le prieur, mais aucun document ne nous indique le nombre de chanoines ayant jamais résidé au Prieuré.

En 1591 – la Réforme n’avait pas atteint la région – le prince-évêque de Bâle Jacques- Christophe Blarer de Wartensee voulut faire du domaine de Grandgourt une extension du collège des jésuites nouvellement fondé à Porrentruy. L’abbé de Bellelay put l’en empêcher, en concédant cependant un impôt céréalier en faveur des jésuites. L’église avait trois autels, dont l’un, celui des augustins, était tombé en ruine.

En 1606, lors d’une visite du prince-évêque, le supérieur reçut de ce fait l’autorisation de réduire les dimensions du sanctuaire, et le matériel récupéré fut réemployé pour l’extension de l’église de Montignez.

De 1730 à 1740, le bâtiment principal fut rénové et rehaussé de trois étages. Les salles furent également plâtrées à neuf et pourvues de poêles en faïence que l’on peut admirer encore aujourd’hui.

Le 24 septembre 1792, un groupe de soldats français forcèrent le Prieuré en plein repas des religieux et tuèrent le curé de Florimont qui s’y était réfugié. L’ordonnance de la Convention nationale du 23 mars 1793 fit de l’Ajoie, géographiquement tournée vers la France, un département français, scellant du coup le sort du Prieuré. Dès lors, plus aucun chanoine de Bellelay ne vint à Grandgourt. L’abbaye put cependant garder ses revenus en Ajoie et reçut l’autorisation, le 28 octobre 1794, de déménager meubles et objets. Mais en 1797, le domaine de Grandgourt, comme tout le reste des propriétés de la maison-mère de Bellelay, fut vendu à des privés. L’église sera détruite en 1860 pour faire place à la route. Les autels, construits vers 1738 par Jean-Pierre Breton de Boncourt, se trouvent dans l’église de Montignez au nord de Grandgourt.

L’imposant « Prieuré » existe toujours. A la faveur des restaurations effectuées en 1976/1977 et en 2005, l’architecture intérieure a été remise en valeur, particulièrement les poêles en faïence datant du XVIIè siècle.

La ferme a été reconstruite au XIXè siècle.

Source : Helvetia Sacra, tome 3 : Die Prämonstratenser und Prämonstratenserinnen in der Schweiz.

Rédaction : Bernhard Andenmatten et Brigitte Degler-Spengler, Bâle

Traduction : Association des guides de Porrentruy